Le règne de la créativité : Antonia Baehr et son Abecedarium Bestiarium


La Chapelle a frappé un grand coup en ouverture de sa saison. Dans le cadre du Queer Performance Camp 2018, l’artiste berlinoise Antonia Baehr nous a présenté son Abecedarium Bestiarium, qu’elle qualifie de « portraits d’affinités en métaphores animales ». Une performance hors-norme, dépassant la simple chorégraphie de danse, la pièce de théâtre, l’improvisation ; tout y est réglé au quart de tour, un parcours entre des objets/fétiches associés à des bêtes mythiques disparues, mais d’une actualité hantant toujours les contrées qui les ont vus naître. 


Les spectateurs déambulent donc de station en station, autour des initiales des animaux quasi-légendaires… D pour Dodo. Y pour le dauphin du Yangtsé, T pour le loup de Tasmanie, et bien d’autres… avec madame Baehr qui incarne son texte avec un pince sans rire trilingue (allemand, français et anglais). Mais toujours, dans une économie de moyens à faire pâlir d’envie les plus opulentes compagnies théâtrales, au sein d’un parcours où priment l’intelligence et une profonde inspiration, qui allie tant poésie qu’érudition, sensibilité qu’humour, nostalgie des temps anciens que post-modernisme.



Combien de spectacles, de troupes de performance, tant théâtrale que de danse, devraient s’inspirer de pareille maestria ! Par son économie de moyens, madame Baehr fait la remarquable démonstration que ce qui prime (et devrait primer d’abord et avant tout) est la créativité tous azimuts, sans limite aucune. Que l’intelligence et la maîtrise de son sujet doivent venir approfondir une démarche artistique, qui saura miser sur un à propos remixage des règles établies des arts de la scène. 



Seule critique négative : la taille de l’auditoire. Je crois que pareil spectacle aurait dû se restreindre à une fraction du nombre de spectateurs, pour en augmenter d’autant plus l’intimité. Je sais, ce n’est pas bien sage économiquement, mais le ton de cette magnifique performance n’en aurait été que magnifié…



Antonia Baehr, je vous suivrai désormais avec assiduité et dévotion ! Quelle merveilleuse artiste ! 

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