Le rire de ma mère: amère vision d'une agonie

Le Rire de ma Mère: amère vision d'une agonie ratée



     Ce vendredi sort sur nos écrans le film "Le Rire de ma Mère", scénarisé et réalisé par Colombe Savignac et Pascal Ralite. Ce film, sorti en France en janvier dernier (et qu'en mars en Belgique, allez savoir pourquoi), cartonne et s'attire des critiques dithyrambiques. Il met en vedette Suzanne Clément, dans le rôle de Marie, cette mère de famille divorcée atteinte d'un cancer, Pascal Demolon, jouant Romain, l'ex de Marie, Sabrina Seyvecou, jouant Gabrielle, la nouvelle épouse de Romain, et Igor Van Dessel, incarnant Adrien, le fils de Marie et Romain. 

     Ce film, inspiré de la vie et de la mort de l'ex-épouse de Pascal Ralite, est raconté selon le point de vue du fils adolescent. Complètement subjugué par cette mère exubérante et au caractère affirmé, il apprendra à s'affirmer au fil des épreuves et aux présences salvatrices de son père et de sa belle-mère. Car sa mère est une catastrophe ferroviaire au ralenti. Je sais que je vais sembler insensible et complètement déconnecté, mais le personnage de Marie m'a paru absolument antipathique. Imbue d'elle même, une véritable tache sur le couple de son ex et de la jeune épouse de ce dernier, qui durant la trame tombera enceinte, cette chipie au caractère irascible ( sa crise lors d'une visite chez ses propres parents au bord de mer reste mémorable) n'en a que pour elle-même, au mépris de la vie des gens qui l'entoure. S'il s'agit, comme en témoigne les interviews du couple de scénaristes-réalisateurs, de l'ex de Pascal Ralite, je plains énormément Colombe Savignac d'avoir eu à supporter cette chipie. Pas étonnant que le personnage de Gabrielle apparaisse si doux et positif...


     Et Suzanne Clément, dans tout cela? Elle joue ce rôle d'une manière monocorde, une seule expression figée sur son visage. Elle est irritante, fausse et artificielle. Elle ne se donne même pas la peine de dépérir physiquement au long de ce film (alors que moult acteurs l'ont fait avant elle (De Niro, Bale, McConaughey, et combien d'autres); d'ailleurs, elle ne fait montre en aucun temps d'un crâne chauve, alors qu'elle s'annonce victime de 49 séances de chimiothérapie... portant toujours une perruque (donc n'ayant pas eu à subir la coupe réelle de sa tignasse). Par contre, qu'elle en fume, des clopes! Donc pas d'amaigrissement, pas de transformation radicale...que du jeu, et du mauvais, par surcroît! Lorsqu'elle finira par mourir dans ce film, avec une trentaine de minutes à faire, j'en ai poussé un soupir de soulagement. Ouf! Je ne sais trop si c'est le jeu de madame Clément qui est responsable de cette catastrophe ou si ce sont les adjurations des réalisateurs, mais ce personnage tragico-comique a su me donner l'urticaire... et elle revient, à titre de fantôme hallucinatoire, dans l'imaginaire de son fils à la fin du film... 


     C'est dommage, car le reste de la distribution s,en tire à merveille. Pascal Demolon, en mari tiraillé entre sa vieille harpie, sa jeune épouse et son fils, joue ce rôle d'équilibriste émotionnel à merveille, tout en retenue. Que dire de Sabrina Seyvecou, sinon qu'elle incarne la patience, la compassion, l'amour et l'art, bousculée par cette sorcière qui ne lui laisse que l'ombre. Igor Van Dessel, pour sa part, défend bien ce rôle de l'adolescent renfermé, qui finira par s'ouvrir au monde. Bien que cet éveil soit quelque peu éculé (par le théâtre, comme si l'art guérissait tout, tout comme par le biais de la compréhension de sa belle-mère, peintre).


     Il est à espérer que le couple Ralite-Savignac décolle de l'auto-biographie et nous ponde un scénario digne de l'art cinématographique. Parce qu'avec pareil exercice, aussi cathartique fut-il pour eux, cette "fiction", dans laquelle l'on sent le deuil de monsieur et la douleur de madame, ne sert qu'à faire l'éloge d'un monstre d'égoïsme, joué par une actrice sans expression ni complexité. Heureusement que Suzanne Clément a adopté la France comme terre d'accueil. Ça nous évitera d'avoir à contempler son rictus figé et son jeu unidimensionnel sur nos écrans trop souvent. 

     Je ne recommanderai donc ce film qu'aux fans finis de Suzanne Clément, ou de ceux qui trainent un deuil mal assouvi, voire une fin de couple et une vie familiale reconstituée où l'un des parents ne cesse de s'imposer à son ex qui aura tenté de refaire sa vie. Hormis cet aspect cathartique, je ne vois pas vraiment le sens de cette histoire où l'hystérie et l'exubérance tiennent le haut du pavé. Heureusement que l'histoire est raconté sous l'angle de la vision adolescente; quelle expérience traumatisante eut-elle été si par malheur cette histoire avait adopté le point de vue de l'agonisante!      
    
       Lors de la représentation de vendredi, 17 août, Suzanne Clément sera présente au Cinéma Beaubien pour répondre aux questions du public.    




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